Cher frère, c’est avec un sentiment de révolte et d’indignation, teinté de crainte et d’inquiétude que nous avons célébré la 32e journée mondiale de la liberté de la presse sans toi à nos côtés ce 03 mai 2025.
Depuis cinq mois, nous ne savons où tu te trouves, où te retrouver et ce qui t’est arrivé. Toi, tes ravisseurs et les commanditaires de ton rapt, êtes les seuls à le savoir. Même les autorités qui ont la charge de sécuriser les citoyens et leurs biens disent ne rien savoir sur ce qui t’est arrivé. Qu’est-ce qu’elles ont fait pour te ramener ? Rien de plausible, ni de concert. La machine judiciaire est en branle s’il s’agit d’enquêter notamment dans une affaire de braquage de 21 milliards GNF. Mais pour retrouver des Guinéens enlevés, il a une torpeur qui ne dit pas son nom.
De là où tu es, tiens bon ! Résiste encore et encore ! Fais-le au nom de toutes ces voix qui croient dur comme fer que tu es victime de ton refus de te rallier. T’es et t’as toujours été un dur à cuir quand il s’agit de la défense de tes convictions. Ma foi en ta foi pour la vérité est inébranlable. Je suis convaincu que tu vas vaincre et briser les chaînes de tes maîtres obligés. Nous t’attendons Habib. Ta femme et tes enfants t’attendent à maison. Nous, journalistes, t’attendons aussi pour que tu continues à faire trembler les ennemis de la presse, les prédateurs de la liberté de la presse. De là où tu es, nous ne te voyons pas physiquement. Mais, moralement Oui. Ta ténacité, ton sens moral, ta force et ton refus à courber l’échine face à la dictature, à l’oppression, nous garantissent que tu as le moral au beau fixe.
Cher frère Marouane, t’écrire ces mots réveille en moi un grand émoi et les quelques souvenirs courts que j’ai de toi sur le plan professionnel. J’ai finalement décidé de sortir de mes gonds et de t’adresser cette missive pour que tu saches que tu n’es pas et tu ne seras jamais seul dans cette rude épreuve. J’ai voulu parler mais je risque de manquer de salive et d’être à court de mots. À chaque fois que j’ai voulu plonger ma plume dans l’encrier, j’ai eu envie de le vider sans finir ma lettre ou du moins dire l’essentiel. Me murer aussi dans le silence, suscite en moi une hargne profonde et sans limite.
Cette année chez moi à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, l’heure n’était pas à la fête. Les cauchemars de ton silence nous hantent et nous empêchent de travailler correctement et consciencieusement. Habib Marouane Camara, c’est ton combat pour l’instauration d’une presse libre, indépendante et responsable, ta faculté d’analyse et ton refus de manger avec ceux qui mangent la presse, qui ont conduit à ton kidnapping.
Avant Habib Marouane Camara, d’autres citoyens ont subi le même sort. Ce sont entre autres : Oumar Sylla dit Foniké Menguè, Mamadou Billo Bah et Sadou Nimaga. Les Guinéens n’ont pas mérité ce qui leur arrive.
Ton frère et confrère, Babanou Timbo Camara !