Nous savons tous qu’en Guinée, fondamentalement, ce n’est pas un problème de Constitution ou de textes de lois que nous avons, mais plutôt un problème de respect de leurs engagements, des lois et des principes républicains par nos dirigeants.
À ce titre :Dites au Ministre secrétaire Général à la présidence et le porte parole du gouvernement que c’est le CNRD qui a écrit et rendu publique, de manière unilatérale, la Charte de Transition qui fait office de Constitution pendant cette période transitoire, et qui dispose en son article 46.
« Le Président et les membres du Comité National du Rassemblement pour le Développement ne peuvent faire acte de candidature ni aux élections nationales, ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la transition (alinéa 1).
La présente disposition n’est susceptible d’aucune révision (alinéa 2) ». Compte tenu du rôle et de la responsabilité que doivent jouer le Président du CNRD et ses membres pour garantir le processus politique devant parachever la transition pour le retour à l’ordre Constitutionnel normal, l’alinéa 2 de cet article verrouille toute possibilité de révision ou modification de cet article.
Dites-leur également que c’est sur cette Charte que le Général Mamadi DOUMBOUYA a prêté serment en tant que président de la transition devant les juges de la Cour Suprême, la plus haute instance juridictionnelle de notre pays, en ces termes :
« Moi, Président de la transition, je jure devant le peuple de Guinée de préserver en toute loyauté la souveraineté nationale, de respecter et de faire respecter les dispositions de la Charte de la transition, la dignité humaine, les lois et règlements de la république, de remplir mes fonctions dans l’interêt supérieur de la Nation, de consolider les acquis démocratiques, de garantir l’indépendance de la patrie et l’intégrité territoriale.
Je m’engage solennellement et sur l’honneur à collaborer avec les organes de la transition pour la réalisation et la préservation de la cohésion nationale. En cas de parjure, que je subisse les rigueurs de la Loi » (article 47).
Les dispositions de l’article 46 de la Charte nous rappellent d’ailleurs les dispositions de l’article 154 de la Constitution du 07 mai 2010 qui avaient également verrouillées toute possibilité de modifier le nombre et la durée des mandats présidentiels afin de favoriser l’alternance démocratique conformément à l’esprit de la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, gage toute stabilité institutionnelle durable.
Et, nous le savons tous, c’est la gymnastique intellectuelle utilisée pour contourner cet article pour imposer un troisième mandat pour le Président Condé a largement contribué à la création de la situation que nous vivons actuellement.
Vouloir utiliser les mêmes stratagèmes pour nous faire croire que la nouvelle Constitution prime sur la Charte de transition pour nous imposer la candidature du président de la transition est une fuite en avant intolérable au lendemain incertain.
Dites à tous ces acteurs politiques qui sont aujourd’hui dans la propagande politique pour soutenir la candidature du Général Mamadi DOUMBOUYA que la vocation principale de tout acteur politique dans un Etat démocratique est de conquérir et d’exercer le pouvoir par la sollicitation des suffrages du peuple, unique souverain.
Dites-leur aussi que toute attitude ou comportement tendant à aliéner cette prérogative réservée à la classe politique par nos textes de lois est une trahison de leur mission dans un Etat républicain qui compromet dangereusement l’avenir de notre processus démocratique et de la classe politique en Guinée.Dites aux Conseillers nationaux de la Transition, que l’avant-projet de la nouvelle Constitution dont ils sont en train de vanter les mérites et qui nous a coûté une fortune n’est pas plus protectrice des droits et libertés fondamentales que la Constitution du 07 mai 2010 et celle de 2020 ;
Dites-leur également que la mise en place des institutions fortes qui résistent dans le temps et une Constitution qui nous ressemble et nous rassemble comme aime à le souligner son président passe fondamentalement par le respect de nos textes de lois par chaque entité de l’État disposant d’une parcelle de pouvoir ; Dites à ceux qui continuent à organiser des marches et prières pour la paix ou financer des artistes pour chanter et danser pour la gloire du Président avec l’argent du contribuable guinéen dans l’objectif d’endormir notre conscience pendant que la majorité de nos concitoyens continuent à végéter dans la misère que les caisses de l’État ne sont pas leur patrimoine personnel car l’argent public nous appartient tous.
Les personnes poursuivies devant la Cour de répression des infractions financières de l’État (CRIEF) devraient leur inspirer la sagesse dans la conduite des affaires de la Nation.Dites-leur également que nous disons comme le président Félix Houphouët-Boigny que la paix est un comportement.
Et dans notre cas, ce comportement doit amener nos dirigeants ainsi que tous ceux et toutes celles qui occupent une parcelle de pouvoir et profitent des privilèges de l’État à faire en sorte que tous les Guinéens sans discrimination bénéficient de la protection de la Loi et des richesses de notre pays de manière équitable.
Dites à ces journalistes qui continuent à exercer dans la rigueur avec courage et abnégation la profession qu’ils ont librement épousé tout en refusant toute compromission tendant à vider la liberté de la presse de son sens originel que la presse est non seulement la sentinelle de la liberté dans une république mais aussi la conscience de la Nation.
À ce titre, ils doivent toujours garder à l’esprit qu’en tant que voix des sans voix, la liberté n’a pas de prix.
Dites à cette jeunesse confrontée a un problème de chômage endémique et sans perspective que la course effrénée au gain facile n’est pas la solution et ne peut en aucun cas l’être !
L’épanouissement de la jeunesse passe nécessairement par l’éducation et l’engagement en faveur de la mise en place des politiques publiques permettant à la jeunesse de s’instruire afin de pouvoir créer des initiatives leur permettant de s’auto employer pour gagner leur vie avec courage et persévérance ; Dites au peuple de Guinée que Oumar SYLLA, Foniké Mangué, Billo BAH, Aliou BAH, Marouane CAMARA et autres sont embastillés aujourd’hui à cause de leurs engagements pour la défense des valeurs et principes inscrits dans nos Constitutions depuis 1958 qui font de nous une Nation libre, indivisible et démocratique.
À savoir la liberté, la justice, l’égalité et l’unité et la cohésion nationale.Agissons tous et toutes pour la défense des valeurs de la république pour que vive la liberté.
Par Alseny Sall, chargé de communication de l’OGDH
Ceux qu’ils veulent savoir le savent et merci mon cher..