au Brésil, Lula investi dans la joie et la diversité

Le cauchemar est terminé» : au Brésil, Lula investi dans la joie et la diversité

Et revoilà Lula. Après ses deux premiers mandats, entre 2003 et 2011, l’éternel leader de la gauche brésilienne, officiellement investi hier, rempile. Aucun autre président brésilien avant lui n’avait été élu trois fois par un scrutin direct. Pour sa part, Jair Bolsonaro entre lui aussi dans l’histoire, mais par la petite porte. Il est le premier chef d’Etat, en trente-sept ans, à refuser de passer le témoin à son successeur, quittant même précipitamment le Brésil à la veille de la fin de son mandat.

Qui, dans ces conditions, transmettrait l’écharpe présidentielle à Lula, point d’orgue de la cérémonie d’investiture ? Le suspense aura duré jusqu’au bout. Le patron du Parti des travailleurs a finalement gravi la rampe du palais présidentiel du Planalto flanqué du très médiatique chef des indiens Kayapos, Raoni Metuktire, ainsi que de simples citoyens censés incarner la diversité et l’avenir, parmi lesquels un enfant, un activiste pour l’insertion des personnes handicapées et une «catadora», comme on appelle ici les gens qui recyclent par nécessité. C’est cette femme noire qui a revêtu un Lula très ému de l’écharpe, passée au préalable de main en main pour symboliser son intronisation «par le peuple».

«Gouverner pour tous»

«Le cauchemar est terminé, a annoncé le nouveau maître de Brasilia devant la foule immense, massée sur la place des Trois-Pouvoirs. Le printemps a commencé.» Auparavant, dans sa première adresse à la nation, après avoir prêté serment devant le Congrès, Lula avait qualifié d’«épouvantable» la situation du pays : «Ils ont démantelé l’éducation, la culture, la santé, la protection de l’environnement. Ils n’ont même pas laissé assez d’argent pour la vaccination, la sécurité publique ou l’alimentation scolaire. C’est sur ces terribles ruines que je m’engage à reconstruire le Brésil.»

Lula promet aussi de «gouverner pour tous», oubliant «un passé de divisions», dans une société fortement polarisée. «Assez de haine, de fausses nouvelles, d’armes et de bombes», a ajouté le leader septuagénaire. L’allusion à «une petite minorité radicalisée qui se refuse à vivre dans un régime démocratique» était un subtil appel du pied aux électeurs modérés de Bolsonaro qui, eux, ont accepté sa défaite. Malgré les tensions de ces dernières semaines, la cérémonie s’est déroulée sans incident majeur. «Il y a un sentiment de soulagement, glisse un journaliste. Toutes proportions gardées, la démocratie brésilienne a remporté sa bataille de Stalingrad.»

Palais du Planalto, intérieur jour. Au rez-de-chaussée, les invités affluent. On aperçoit l’ancien président bolivien Evo Morales, sanglé dans l’une de ces vestes à motif indigène dont il a le secret. «Comment freiner l’avancée de l’extrême droite en Amérique latine ?» l’interroge une journaliste. L’ancien leader cocalero élude. Soudain, des vivats : Dilma Rousseff, dauphine de Lula et première femme élue à la tête du Brésil, fait son entrée dans ce palais dont elle avait été chassée, voilà six ans, par un coup de force qui a galvanisé la droite radicale.

Premiers décrets

Ministre des peuples autochtones, portefeuille fraîchement créé, Sonia Guajajara fait sensation avec sa coiffe à plumes. Une journaliste éprouve quelque mal à identifier les ministres issus de la société civile, comme l’intellectuel noir Silvio Almeida (Droits humains et citoyenneté). A ses côtés, on reconnaît José Mucio, choisi au poste ultrasensible de la Défense, avec la bénédiction de forces armées très largement bolsonaristes.

A peine investi, Lula honorait déjà sa promesse d’entamer la révocation de l’héritage bolsonariste. D’un trait de plume, il a restreint l’accès des civils et des tireurs sportifs aux armes et aux munitions, abrogé un décret retirant aux enfants handicapés la possibilité d’être scolarisés dans des établissements classiques, et relancé la lutte contre le défrichement de «tous les écosystèmes brésiliens».

Il a donné également un délai d’un mois aux organes concernés pour «réévaluer les innombrables mesures de l’ex-président pour classer de façon indue documents et informations relatifs à l’administration publique». Enfin, après l’accord du Congrès mercredi, Lula pourra pérenniser l’aide mensuelle à 600 reais (106 euros, soit une hausse de 50%) versée à plus de 21 millions de foyers pauvres, mise en place en catastrophe par son prédécesseur entre les deux tours de l’élection.

Guineesouverain avec liberation

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