Le PM Mohamed Beavogui a profitรฉ ce lundi soir de son compte-rendu sur l’immersion gouvernementale ร l’intรฉrieur du pays pour annoncer une rรฉunion avec les acteurs politiques et sociaux devant aboutir ร un Dialogue ” sans tabou, franc et inclusif ” .dit- il.
Pour comprendre cette sortie nous allons analyser les propos du chef du gouvernement sous trois angles.
1- l’angle personnel :
Par cette adresse tendant ร prendre l’initiative du dialogue en main , Mohamed Beavogui se met enfin dans son rรดle. En l’occurrence, celui d’assumer l’une des responsabilitรฉs rรฉgaliennes d’un premier ministre. C’est ร dire รชtre le fil conducteur voire l’interface entre les acteurs politiques et sociaux et l’exรฉcutif . Autrement dit Endosser la posture du meneur des nรฉgociations politiques et sociales afin de prรฉserver la paix. deux questions rรฉsultent de l’attitude du PM Mohamed Beavogui. Pourquoi c’est maintenant que le chef du gouvernement dรฉcide d’agir ? Agit il personnellement en tant qu’institution ou le fait il sous injonction ?
2- l’angle politique
Le colonel Doumbouya et les siens du gouvernement sans oublier le CNRD ont dรป mesurer la situation actuelle de la Guinรฉe. En clair le contexte international rendant l’รฉtat รฉconomique et sociale du pays difficile ร gรฉrer ; les nouvelles autoritรฉs ont certainement compris que le terrain de la confrontation par des manifestations intempestives ne leur arrangerait guรจre. Ainsi soumi aux pressions internes et externes la junte a sans doute compris qu’il faut lรขcher du leste pour รฉviter le feu ou ร dรฉfaut le retarder un peu plutard . Si telle est la quintessence de l’adresse de Mohamed Beavogui ; alors rien ร dire. Car ce serait de la real politique dont aurait fait usage celui qu’on surnomme” jupiter” ร Conakry. A cela s’ajoute le spectre des รฉvรฉnements du 28 septembre 2009 qui a engendrรฉ le naufrage inรฉdit du bateau Dadis camara. Le colonel aurait tirรฉ la leรงon du capitaine pour ne pas abrรฉger prรฉcocement et tragiquement son rรจgne ร l’image de ce dernier. En tous cas les mรชmes causes produisent toujours les mรชmes effets.
3 – l’angle dilatoire.
Sans verser dans le pessimisme ambiant, cette sortie de Mohamed Beavogui pourrait รชtre
รฉgalement de simples manoeuvres dilatoires : ” nรฉgocier pour gagner du temps “. Car le premier reste le parfait fusible dont la junte peut se servir pour parvenir ร ses fins. Mieux, dans les stratagรจmes de conservation du pouvoir cette pratique a รฉtรฉ monnaie courante chez de nombreux rรฉgimes qu’ils soient du moyen รขge ou de l’รฉpoque contemporaine. Par exemple Almany Samory Tourรฉ a signรฉ rรฉguliรจrement l’armistice ( sorte de cessez-le-feu) avec les colons quand il se sentait proche de la capitulation. Mugabรฉ en a fait de mรชme avec son opposant morgan Tswanguiray ; puis rรฉcemment ici Alpha Condรฉ n’acceptait le dialogue que quand il se sentait vraiment coincรฉ.
Enfin, pour juger la sincรฉritรฉ de l’รชtre humain de surcroรฎt un homme politique il ya deux unitรฉs de mesure ร savoir : la parole et les actes. Si la seconde est en adรฉquation avec la premiรจre alors il faudrait y accorder du crรฉdit. Dans le cas contraire ce serait juste de la poudre aux yeux.
Ibrahima M’Bemba DC du Bloc LIBรRAL. Analyste et consultant politique