En tant que journaliste et l’Homme politique, je m’élève fermement contre l’utilisation du terme “journalistes mercenaires” pour qualifier certains de mes confrères en République de Guinée.
Cette rhétorique dangereuse et infondée ne fait que contribuer à l’érosion de la liberté de la presse, un pilier fondamental de toute démocratie.
La situation de la presse en Guinée est alarmante. En 2024, nous avons assisté à une recrudescence inquiétante des atteintes aux droits des journalistes. Le rapport du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) fait état de 70 cas d’atteintes à la liberté de la presse, une augmentation de 204% par rapport à l’année précédente.
Ces violations incluent les arrestations arbitraires, les violences physiques, et la fermetures de certains médias.Qualifier de “mercenaires”des journalistes qui risquent leur liberté et leur intégrité physique pour informer le public est non seulement injuste, mais aussi dangereux. Cette rhétorique sert souvent à justifier la répression et la censure.
Rappelons que 13 journalistes ont été arrêtés en octobre 2023 pour avoir simplement participé à un rassemblement pacifique.La liberté de la presse est garantie par la Charte de la transition du 27 septembre 2021 en ses articles 8, 23, 24 et 34.
De plus, la Guinée est signataire de nombreux instruments juridiques internationaux et régionaux qui protègent cette liberté fondamentale. Il est du devoir des autorités de respecter ces engagements.
Les vrais mercenaires sont ceux qui cherchent à museler la presse pour servir leurs intérêts personnels ou politiques. Les journalistes, eux, servent l’intérêt public en fournissant une information libre et indépendante, essentielle au bon fonctionnement de la démocratie.
J’appelle donc Monsieur le Premier ministre Amadou Oury Bah à cesser immédiatement l’utilisation de termes diffamatoires envers les journalistes, à respecter et à protéger la liberté de la presse conformément aux lois nationales et aux engagements internationaux de la Guinée, à lever l’interdiction générale des manifestations qui entrave le droit à la liberté d’expression et à abandonner les charges contre les journalistes arrêtés pour avoir exercé leur métier.
La liberté de la presse n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour toute société qui aspire à la démocratie et au progrès. Défendons-la ensemble, car c’est en protégeant nos journalistes que nous protégeons notre droit à l’information.
Mohamed Ali Pendessa
Journaliste et l’Homme politique