Aprรจs le Mali l’an dernier, le Burkina et le Niger, รฉgalement gouvernรฉs par des rรฉgimes militaires, ont annoncรฉ leur dรฉpart de l’organisation antijihadiste G5 Sahel qui semble dรฉsormais vouรฉe ร disparaรฎtre, neuf ans aprรจs sa crรฉation.
A sa naissance en 2014, pour lutter contre le jihadisme au Sahel, l’organisation รฉtait composรฉe du Mali, du Burkina, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad.
Samedi, le Burkina et le Niger ont dรฉcidรฉ “en toute souverainetรฉ” de se retirer “de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe”. Une dรฉcision qui a pris effet dรจs le 29 novembre, indiquent les deux pays dans un communiquรฉ conjoint.
Selon Ouagadougou et Niamey, “l’organisation peine ร atteindre ses objectifs”.
“Pire, les ambitions lรฉgitimes de nos Etats, ร faire de lโespace du G5 Sahel une zone de sรฉcuritรฉ et de dรฉveloppement sont contrariรฉes par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs dโun autre รขge qui achรจvent de nous convaincre que la voie de lโindรฉpendance et de la dignitรฉ sur laquelle nous sommes aujourdโhui engagรฉs, est contraire ร la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle”, poursuivent-ils.
Ils affirment avoir pris une “responsabilitรฉ historique” en quittant une organisation qui “saurait servir les intรฉrรชts รฉtrangers au dรฉtriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom dโun partenariat dรฉvoyรฉ et infantilisant qui nie le droit ร la souverainetรฉ de nos peuples et de nos Etats”.
En mai 2022, le Mali, รฉgalement gouvernรฉ par des militaires depuis 2020, avait quittรฉ le G5 Sahel, invoquant une organisation “instrumentalisรฉe par l’extรฉrieur”.
– Dรฉgradation sรฉcuritaire –
Les cinq pays du G5 Sahel avaient crรฉรฉ en 2014 cette organisation puis lancรฉ en 2017 sa force militaire alors que l’รฉtau des jihadistes se resserrait autour de ces Etats, aux armรฉes sous-รฉquipรฉes. Seuls le Tchad et la Mauritanie sont dรฉsormais membres de cette organisation qui semble vouรฉe ร disparaรฎtre.
Largement financรฉe par l’Union europรฉenne, cette force reprรฉsentait aux yeux des partenaires internationaux du Sahel une porte de sortie dans une rรฉgion en proie aux violences jihadistes.
Mais les opรฉrations conjointes sont restรฉes peu nombreuses et la situation sรฉcuritaire au Sahel n’a cessรฉ de se dรฉgrader.
Fin novembre, au moins 40 civils ont รฉtรฉ tuรฉs dans une attaque jihadiste massive contre une base militaire, ร Djibo dans le nord du Burkina Faso, selon l’ONU.
Les rรฉgimes militaires du Mali, du Niger et du Burkina, pays sahรฉliens les plus touchรฉs par les violences jihadistes et dont les relations avec la France sont exรฉcrables, se sont rapprochรฉs ces derniรจres semaines pour former l’Alliance des Etats du Sahel.
Les chefs de la diplomatie des trois pays ont proposรฉ vendredi soir la crรฉation d’une confรฉdรฉration, avec pour ambition de parvenir ร terme ร une fรฉdรฉration.
Les trois ministres ont insistรฉ sur la diplomatie, la dรฉfense et le dรฉveloppement “pour consolider l’intรฉgration politique et รฉconomique” entre les trois pays.
Le Burkina a connu deux coups d’Etat militaires en 2022, tandis que le Niger est gouvernรฉ par des gรฉnรฉraux qui ont pris le pouvoir par la force en juillet 2023.
Samedi, ร Ouagadougou, plusieurs centaines de personnes ont manifestรฉ en soutien au rรฉgime de transition conduit par le capitaine Ibrahim Traorรฉ, aux slogans de “A bas l’impรฉrialisme”, notamment.