La nuit du silence et de la peur continue de s’épaissir en Guinée, alors que des figures emblématiques de la société civile, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Billo Bah, demeurent introuvables depuis leur enlèvement dans des circonstances troubles et alarmantes.
Ces disparitions ne sont pas seulement des violations des droits humains fondamentaux, elles sont aussi des atteintes graves à la dignité des familles et à l’équilibre psychologique de leurs proches.
Avant d’être victimes de cette disparition forcée Foniké Menguè et Billo Bah étaient avant tout des citoyens engagés, porteurs d’un combat légitime, pacifique et citoyen au au sein de la Dynamique des Organisations de la Société civile contre la fermeture des Médias et la cherté de la Vie.
Les objectifs visaient essentiellement :
• La libération des médias notamment Espace, Djoma et FIM ;
• L’amélioration des conditions de vie des Guinéens, notamment: La desserte régulière en électricité dans les foyers, la réduction des prix des denrées de première nécessité, dans un pays où le panier de la ménagère devient de plus en plus inaccessible.
Ces revendications, profondément sociales et non politiques ou violentes, incarnaient les espoirs d’une jeunesse consciente, déterminée à faire entendre la voix des sans-voix.
Les conséquences des disparitions forcées sont dramatiques. Le kidnapping de ces deux acteurs de la société civile s’inscrit dans une pratique illégale et inhumaine : la disparition forcée, qui est définie par le droit international comme l’arrestation, la détention ou l’enlèvement d’une personne par des agents de l’État, suivie du refus de reconnaître cette privation de liberté ou de révéler le sort qui lui est réservé.
Ces actes sont formellement interdits par :
• La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ;
• La Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
• Le code Pénal Guinéen ;
• Et constituent des crimes contre l’humanité lorsqu’ils sont pratiqués de manière systématique.
Les auteurs de telles violations s’exposent à des sanctions pénales internationales, indépendamment de leur position ou de leur autorité au moment des faits.
En qu’Acteur de la société civile guinéenne et soucieux de la paix et de la stabilité de notre pays dans un contexte de transition, je plaide aux près des autorités la libération immédiate et sans condition de Foniké Menguè et de Billo Bah. Leur détention constitue une menace réelle et grave pour la stabilité sociale, la paix et la cohésion nationale.
J’appelle à une mobilisation nationale et internationale pour la libération de ces deux acteurs ainsi que tous les disparus, car la liberté d’expression et la défense des droits sociaux ne doivent jamais être criminalisées.
Je recommande au gouvernement guinéen, sous la conduite du Président le Général Mamady Doumbouya de :
• Libérer immédiatement Foniké Menguè et Billo Bah ou, à défaut, révéler sans délai leur lieu de détention.
• Mettre fin aux arrestations arbitraires et aux disparitions forcées.
• Ouvrir une enquête indépendante pour identifier les responsables de ces disparitions.
• Mettre en place un cadre de dialogue afin de discuter des actions concrètes pour le retour à l’ordre constitutionnel ;
•Faciliter le retour des exiles politiques ;
À la communauté internationale :
• Condamner fermement ces actes et activer une diplomatie au près des autorités ;
• Soutenir les familles des disparus dans leur quête de survie, de vérité et de justice.
• Activer les mécanismes internationaux de protection des droits humains, notamment ceux des Nations Unies.
À la société civile et aux médias :
• Agir ensemble pour protéger les libertés fondamentales et soutenir tous les défenseurs des droits de l’homme sans exception.
Au-delà de l’émotion et de l’indignation légitime que suscitent ces disparitions, il est urgent que tous les acteurs sociopolitiques guinéens fassent preuve de responsabilité, de retenue et de lucidité. La Guinée a déjà trop souffert de crises, de divisions et d’injustices. Il est temps d’engager un véritable sursaut collectif.
Je lance un appel solennel à toutes les forces vives à œuvrer ensemble à la préservation de la paix, à la promotion de l’entente et à la consolidation de l’harmonie sociale.
Le vivre-ensemble ne se décrète pas, il se construit chaque jour, par le respect des droits de chacun, par la reconnaissance de la dignité humaine, et par la mise en place d’un dialogue inclusif et sincère. C’est à ce prix que nous pourrons éviter le cycle de violence et offrir aux générations futures une Guinée libre, juste et fraternelle.
Alpha BAYO
Acteur de la société Civile
Défenseur des Droits de l’Homme
Dakar le 09 Juillet 2025