« La jeunesse doit dans une relative opacité découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir », a dit Chinua ACHEBE.
Cette phrase du grand écrivain nigérian résonne aujourd’hui comme un appel brûlant à la jeunesse guinéenne, particulièrement celle engagée dans les partis politiques. Elle nous rappelle que la mission de transformation ne se révèle pas dans le confort des slogans, mais dans le tumulte des choix, des renoncements et des engagements lucides. L’opacité dont parle Achebe n’est pas une excuse pour l’errance, mais une invitation à la quête. Une jeunesse qui ne questionne pas son rôle devient complice de son propre effacement.
Or, que voyons-nous aujourd’hui au sein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) ? Une jeunesse prise en otage par un leadership en déclin, enfermée dans une dynamique de loyauté mystique plutôt que dans une logique de citoyenneté éclairée. La suspension du parti n’est pas un accident. C’est le point final d’une dérive que beaucoup ont tenté de prévenir, souvent au prix de leur marginalisation.
Le mémorandum du 1er avril 2025, porté par des secrétaires fédéraux de la Haute Guinée et de la Guinée forestière, n’était pas une rébellion. C’était un cri de lucidité. Un appel à la réforme. Mais la direction, figée dans ses certitudes, a préféré l’impasse à l’écoute, le déni à la refondation.
Aujourd’hui, l’histoire donne raison à ces voix courageuses. Le leadership de l’UFDG est devenu incapable de proposer une vision claire. Les jeunes militants, âgés de 18 à 30 ans, ne défendent plus un projet politique. Ils défendent une figure, un mythe, un homme qui, par ses propres choix, n’est à ce jour ni électeur ni éligible. Ce n’est plus de la politique, c’est de la dévotion.
Mais il est encore temps. Temps d’ouvrir les yeux. Temps de redécouvrir sa mission dans cette opacité dont parle Achebe. Temps de choisir entre l’accomplir ou la trahir.
À défaut d’avoir pris de la hauteur sur les egos qui ont conduit à cet état de fait, la période de suspension devrait être mise à profit pour répondre objectivement aux sollicitations du Mouvement des Réformateurs de l’UFDG. Non pas dans un esprit de revanche, mais dans une dynamique de rassemblement et de responsabilité.
Car la Guinée actuelle n’a plus besoin d’une opposition politique aveugle, qui rejette systématiquement tout ce qui ne vient pas d’elle. Elle a besoin d’acteurs politiques constructifs, capables de contribuer à l’émancipation socio-politique et économique des citoyens, et surtout de préserver les vies.
La défiance permanente envers l’autorité ne saurait arranger ni les leaders politiques, ni les cadres d’opposition, encore moins les partisans. Elle ne construit rien. Elle ne protège personne. Elle ne propose aucune alternative viable. Elle ne fait que creuser le fossé entre les institutions et les citoyens.
Depuis le 5 septembre 2021, la République avance. Les réformes impulsées par le Président Général Mamadi Doumbouya sont tangibles, concrètes, porteuses d’espoir. Il est temps de soutenir le réel. De lutter pour des valeurs, pas pour des visages. De construire une République forte, inclusive, tournée vers l’avenir.
Avant d’être militants, nous sommes citoyens. Citoyens d’une nation qui se reconstruit avec méthode, courage et vision. L’histoire des grandes démocraties n’a pas été faite que de gloire. Elle s’est bâtie dans la douleur, parfois dans le renoncement.
Il n’est pas trop tard pour faire de l’UFDG un parti du pouvoir ou un parti au pouvoir. Il suffit d’un sursaut. D’une prise de conscience. D’une saine appréciation du contexte, comme le disait Félix Houphouët-Boigny : « Le bonheur collectif passe par la lucidité et le courage. »
La République a besoin de relais solides. De voix qui portent sans diviser. De mains qui construisent sans exclure. Pour ma part, j’ai fais le choix faire partie de cette génération de bâtisseurs. Celle qui propose, structure, fédère. Celle qui transforme les tensions en opportunités, les silences en projets, les crises en relances.
À la jeunesse militante : ne soyez plus les otages d’un système en déclin. Soyez les bâtisseurs d’une République debout. Soyez les héritiers d’Achebe, les porteurs de mission, les artisans du renouveau. Le chemin est tracé, à vous de le suivre !
Réplique à Joachim Baba Millimouno: Quand la posture remplace la pensée
« La jeunesse doit dans une relative opacité découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir. »
Tu cites Achebe, mais tu trahis son esprit.
Tu parles de lucidité, de renoncement, de République debout. Mais ce que tu proposes, c’est une soumission déguisée en sagesse. Ce que tu déguises en réveil républicain, c’est une reddition politique. Et ce que tu appelles “sursaut”, c’est en réalité un abandon de principes.
L’UFDG n’est pas en naufrage. Elle est en résistance.
Tu dis que la jeunesse de l’UFDG est prise en otage par un leadership en déclin. Faux. Elle est engagée dans une lutte de longue haleine contre l’autoritarisme, contre les manipulations institutionnelles, contre les dissolutions arbitraires. Elle ne défend pas un homme, elle défend une vision: celle d’une Guinée libre, juste, et démocratique.
Tu parles de “dévotion” comme si l’engagement était une faiblesse. Mais toi, tu fais l’éloge d’un régime militaire, d’un président arrivé par les armes, qui suspend les partis, musèle la presse, et gouverne sans légitimité populaire. Où est ta lucidité? Où est ton courage?
Le mémorandum du 1er avril 2025? Un coup d’éclat sans lendemain.
Tu glorifies un texte signé par quelques frustrés en quête de reconnaissance. Mais ce n’était ni une réforme, ni une révolution. C’était une tentative de fragmentation, sans vision, sans base, sans impact. La vraie réforme ne vient pas de ceux qui désertent, mais de ceux qui construisent dans l’adversité.
Tu parles de bâtir, mais tu ne proposes rien.
Tu dis vouloir transformer les tensions en opportunités. Très bien. Mais où sont tes propositions concrètes? Où est ton projet? Où est ton engagement réel? Tu parles de République, mais tu ignores que la République ne se construit pas sur les dissolutions, les arrestations arbitraires, les intimidations. Elle se construit sur le droit, sur le pluralisme, sur le respect des libertés.
À la jeunesse militante: ne vous laissez pas distraire.
Ce texte n’est pas un appel à la réforme. C’est une tentative de justification d’un alignement opportuniste. Ce n’est pas une critique constructive. C’est un plaidoyer pour l’abandon.
Nous ne sommes pas des otages. Nous sommes des résistants. Nous ne sommes pas des suiveurs. Nous sommes des bâtisseurs. Et nous ne renoncerons pas à nos convictions pour plaire à ceux qui confondent stabilité et silence.
L’histoire retiendra ceux qui ont tenu bon quand tout poussait à plier. Et dans cette histoire, l’UFDG aura sa place — non pas comme un parti en déclin, mais comme une force qui aura refusé de se coucher.
Cellou Kansala DIALLO
Secrétaire Fédéral UFDG Ratoma.
Bien dit mon cher..