Aprรจs l’annonce de retrait des trois pays du Sahel en janvier 2024, lโorganisation rรฉgionale s’est dรฉclarรฉe prรชte ร trouver ยซ une solution nรฉgociรฉe ยป.
Malgrรฉ des tentatives de mรฉdiation menรฉes par les prรฉsidents sรฉnรฉgalais et togolais, Bamako, Niamey et Ouagadougou restent inflexibles.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont rejetรฉ, le dimanche 22 dรฉcembre, le moratoire de six mois qui leur a รฉtรฉ donnรฉ par la Communautรฉ รฉconomique des Etats de lโAfrique de lโOuest (CEDEAO) pour examiner lโoption dโune rรฉintรฉgration dans lโorganisation rรฉgionale.
Les trois pays dirigรฉs par des rรฉgimes militaires avaient annoncรฉ, en janvier dernier, leur retrait avec effet immรฉdiat de la CEDEAO avant de crรฉer un nouveau bloc rรฉgional baptisรฉ l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Lors dโun sommet tenu le 15 dรฉcembre ร Abuja (Nigeria), lโorganisation rรฉgionale a cependant donnรฉ aux Etats membres de lโAES un dรฉlai de six mois, ร compter du 29 janvier 2025, pour sโoccuper des volets techniques et des implications opรฉrationnelles de cette รฉvolution.
Cette ยซ pรฉriode de transition ยป vise รฉgalement ร ยซ maintenir les portes de la CEDEAO ouvertes ยป aux trois pays, alors que des tentatives de mรฉdiation sont menรฉes par le prรฉsident sรฉnรฉgalais, Bassirou Diomaye Faye, et son homologue togolais, Faure Gnassingbรฉ.
Dans sa dรฉclaration publiรฉe dimanche, le collรจge des chefs d’Etat de lโAES a cependant considรฉrรฉ ce moratoire comme une ยซ tentative de dรฉstabilisation ยป extรฉrieure.
ยซ En rรฉitรฉrant le caractรจre irrรฉversible et immรฉdiat du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO [โฆ], le Collรจge des Chefs d’Etat de l’AES considรจre, ร juste titre, la dรฉcision de proroger pour 6 mois le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO comme รฉtant une รฉniรจme tentative qui permettrait ร la junte franรงaise et ร ses supplรฉtifs de poursuivre la planification et la conduite des actions de dรฉstabilisation contre l’AES ยป, a soulignรฉ la dรฉclaration signรฉe par le prรฉsident de lโAES, le gรฉnรฉral Assimi Goรฏta, tout en estimant que Paris ยซ tente dรฉsespรฉrรฉment de porter un coup d’arrรชt ร la dynamique รฉmancipatrice enclenchรฉe par l’AES ยป.
Augmentation des coรปts des transactions commerciales
Les chefs dโEtat de lโAES ont รฉgalement constatรฉ ยซ avec regret quโau sein de la CEDEAO, des manลuvres de dรฉstabilisation sont rรฉguliรจrement initiรฉes par une poignรฉe de chefs d’Etat qui imposent leur dรฉsidรฉrata et des agendas รฉtrangers au reste de l’organisation ยป.
Ils ont dโautre part dรฉnoncรฉ des ยซ manลuvres de tromperie ยป liรฉes ร la fermeture des bases militaires franรงaises dans certains pays africains, ainsi que des ยซ appuis divers ยป apportรฉs par des Etats รฉtrangers ร ยซ des opรฉrations de rรฉorganisation et de regroupement de groupes terroristes visant ร dรฉstabiliser l’AES ยป.
Pour rappel, la CEDEAO avait suspendu le Mali, le Niger et le Burkina Faso de ses organes suite ร la prise du pouvoir par les militaires dans ces pays. Elle a รฉgalement pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger, et est allรฉe jusqu’ร menacer de recourir ร la force dans ce dernier pays pour y rรฉtablir lโordre constitutionnel.
Le Fonds monรฉtaire international (FMI) a estimรฉ, en fรฉvrier 2024, que le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de lโorganisation fondรฉe en 1975 aura des effets nรฉgatifs sur les รฉchanges commerciaux de ces trois pays qui ne disposent pas de faรงades maritimes avec le reste du monde.
ยซ D’un point de vue commercial, la sortie du bloc rรฉgional entraรฎnerait beaucoup plus de frictions commerciales. Ces pays sont dรฉjร enclavรฉs et font face ร des coรปts de transaction assez รฉlevรฉs en termes de commerce avec le reste du monde. Ils risquent d’รชtre confrontรฉs ร des coรปts de transaction encore plus รฉlevรฉs, ce qui serait prรฉjudiciable ร ces pays ยป, avait alors expliquรฉ le directeur du dรฉpartement Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie.
La sortie des trois pays de la CEDEAO ne devrait cependant pas avoir des impacts significatifs sur la mobilitรฉ des personnes et des biens dans la rรฉgion. Dans un communiquรฉ publiรฉ le 13 dรฉcembre, les ministres des Affaires รฉtrangรจres des pays de lโAES ont exprimรฉ leur ยซ ferme volontรฉ de renforcer, dans un esprit panafricain, les mรฉcanismes visant ร faciliter la libre circulation des personnes et des biens dans lโespace ouest-africain ยป. LโAES restera par ailleurs membre de lโUnion รฉconomique et monรฉtaire ouest-africaine (UEMOA), malgrรฉ son souhait de sortir du franc CFA, ce qui ne devrait pas affecter leurs รฉchanges financiers avec les 12 membres restants de la CEDEAO. AP