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LDC CAF et BAL : des champions sans privilèges

La Ligue des champions de la CAF et la Basketball Africa League (BAL) sont deux compétitions de clubs phares du sport africain. Pourtant, malgré des performances de haut niveau, leurs champions ne bénéficient pas toujours des privilèges que leur rang devrait leur conférer.

Des titres sans garantie de continuité

Alors que les éliminatoires de la Ligue des champions africaine de football et de la Basket Ball African League battent leur plein, une situation interpelle. Le club égyptien Pyramids FC, vainqueur de la LDC CAF face aux Mamelodi Sundowns (3-2), a été contraint de disputer les tours préliminaires pour l’édition 2025-2026. Une démarche qui soulève des interrogations sur la logique du règlement en vigueur. Même constat côté basketball. Un club comme Tombouctou, s’il remportait la BAL, ne serait pas automatiquement qualifié pour l’édition suivante, le Mali ne figurant pas parmi les six fédérations bénéficiant d’un accès direct. Oumar Camara-Sampil, ancien secrétaire général de la Fédération guinéenne de basketball, analyse la situation « Aujourd’hui, nous sommes dans le sport business. La plupart des confédérations privilégient la rentabilité, la visibilité et la compétitivité globale. Le mérite sportif est nécessaire, mais pas suffisant pour garantir une qualification » explique-t-il. Mansour Loum, Directeur de la rédaction de Sport News Africa, a sa lecture de la situation. « Pour le cas des compétitions interclubs de la CAF, le passé montre que souvent les vainqueurs sont aussi champions dans leur pays ou remportent une coupe nationale, ce qui leur permet de se qualifier pour les prochains interclubs. Ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent. Ainsi la CAF ne voit sûrement pas le problème car les « gros » sont toujours présents. Peut-être qu’il faudrait une édition sans certains de ces « gros » pour faire évoluer le règlement sur ce point » fait-t-il savoir.Ce responsable évoque un manque d’adaptation et de renouvellement des textes. « Malheureusement dans bon nombre de fédérations et confédérations africaines, les règlements sont souvent datés et n’ont pas suivi l’évolution du monde sportif et des compétitions. Les règlements sont souvent datés et ne suivent pas l’évolution du sport. Ce qui semble évident ailleurs ne l’est pas sur notre continent. Et il faut souvent arriver à une situation spécifique pour voir que là il faut faire évoluer le règlement ».

Gouvernance, vision et professionnalisation

Si certains évoquent un problème de lobbying ou de manque de transparence, certains parlent de gouvernance mais aussi de planification. Pour le Directeur de la Rédaction de Sport News Africa, c’est surtout un problème de vision. « C’est surtout un problème de gouvernance et une absence de vision. Malheureusement nous sommes sur un continent où tout se fait au dernier moment, lorsque l’on est confronté à une situation qui bloque ou pose problème. Il y a plus de réaction que d’anticipation. On attend d’être confronté à un blocage pour agir » dénonce-t-il. Et de poursuivre Après, il est vrai aussi qu’au niveau décisionnel, certains plaident pour le mérite sportif et la qualification par le terrain. Mais un tenant du titre n’a-t-il pas gagné ce mérite justement ? S’interroge le consultant de Canal+. Pour Oumar Camara Sampil expert en management du sport et gouvernance sportive, il faut une professionnalisation des ligues pour lutter contre ce phénomène. « A ce jour si on prend les compétitions de la CAF et la BAL ce sont les pays qui semblent économiquement puissant qui s’en sorte (Maroc, Égypte, Afrique du Sud, Rwanda, Angola, Algérie, Tunisie, Sénégal, Cote ivoire). Ils ont compris l’importance de professionnaliser les ligues, de rendre les clubs financièrement viables et de favoriser une gouvernance transparente et crédible. En clair, le sport africain évolue vers un modèle plus business et professionnel, dans lequel le mérite sportif est nécessaire mais pas suffisant pour réussir sur la scène continentale » analyse l’ancien secrétaire général de la FEGUIBASKET.

Vers un modèle plus équitable ?

Ce système mis en pratique depuis quelques années, pénalise les clubs des pays moins influents. Mansour Loum propose des pistes de solutions pour valoriser les champions. « La seule piste que je vois et qui ne serait pas quelque chose de difficile à mettre en place, c’est que le tenant du titre puisse défendre son trophée. Il faudrait donc lui assurer sa place pour l’édition suivante. Ainsi le pays dont il est issu aurait un représentant en plus lors de l’édition à venir. Ce serait une sorte de « récompense » pour ce championnat explique le journaliste. Oumar Camara-Sampil a une autre analyse de la situation. « Cette situation ne pénalise pas ces clubs. Au contraire, elle oblige les fédérations non structurées à se professionnaliser pour exister et participer aux compétitions internationales de la CAF ou de la BAL, qui génèrent beaucoup d’argent en termes de droits tv et de sponsoring. Cela signifie que si tu veux gagner de l’argent il faut te structurer » fait savoir l’expert en management du sport et gouvernance sportive. Pour espérer garantir les performances du champion en titre, ils sont nombreux à vouloir s’inspirer du modèle européen. Mansour Loum est de ceux-là « Elle le peut et elle le doit sur certains aspects, notamment ce qui a attrait au management et aux aspects financiers et à la mise en avant de ses compétitions pour les rendre plus attractives et rentables. Nous vivons dans un monde où la tendance est à l’uniformisation pour atteindre des standards fixés. L’Afrique ne peut donc pas rester en marge de ce système globalisé et déjà en marche. Mais dans le même temps, il faut au maximum tenir compte des spécificités du continent et de certaines réalités. En somme, tendre vers les standards, tout en ne se dénaturant pas » souligne le consultant Canal+. L’ancien secrétaire général de la fédération guinéenne de basket-Ball abonde dans le même sens. « Nous sommes dans un monde globalisé on n’invente pas la roue, il faut s’inspirer de ce qui marche la ligue des champions européenne, la NBA, le championnat anglais de football, le championnat espagnol voir aujourd’hui la BAL. Il faut copier ce qui marche » conseille-t-il.

La Basket-ball African League (BAL) et la Ligue des Champions (LDC) CAF constituent des compétitions majeures de clubs sur le continent. Si elles gagnent en attractivité, la question des privilèges accordés aux champions reste une préoccupation majeure. Entre logique sportive, enjeux économiques et gouvernance, le sport africain est à la croisée des chemins. Il lui revient de choisir entre statu quo et réforme.

Mamadou Gongorè DIALLO

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