La Guinée pourrait être à l’aube d’une révolution sanitaire. Un jeune Guinéen, Alain Goumou, a conçu une solution médicale unique nommée KOLÈPÒNÒ-AI reposant sur l’intelligence artificielle (IA), capable de détecter le paludisme et la tuberculose en seulement deux minutes. Une initiative saluée comme une avancée majeure pour un pays où l’accès aux soins rapides reste un défi.
Une technologie innovante et autonome
Le dispositif repose sur un algorithme puissant capable d’analyser des images médicales telles que des radios pulmonaires ou des frottis sanguins avec une précision remarquable. L’IA compare instantanément les images à une base de données contenant des milliers de cas confirmés, permettant ainsi de repérer les signes subtils de maladie souvent invisibles à l’œil nu. Le système est composé d’une caméra microscopique d’un micro-ordinateur Raspberry Pi, d’une imprimante thermique et d’une batterie alimentée par énergie solaire. « Un chatbot IA interagit avec le patient dès son arrivée, posant des questions pour orienter le diagnostic vers le paludisme ou la tuberculose. Une fois le prélèvement sanguin effectué, l’image est capturée et analysée par l’IA, qui fournit un résultat immédiat. En cas de test positif, une ordonnance est automatiquement générée; sinon, un rapport médical est délivré » explique Alain Goumou.
Des tests déjà concluants
L’efficacité de la solution a déjà été démontrée. Alain Goumou a mené des tests concluants en France, en partenariat avec un laboratoire, ainsi qu’en Guinée, en recevant des images de frottis sanguins provenant de deux cliniques locales.« On a pu avoir plus de 80 000 images sur lesquelles on a entraîné ce modèle. Suite à cela, nous avons obtenu une précision de 95 % des résultats », se réjouit le concepteur.
Une réponse aux difficultés du système sanitaire
L’idée de cette IA est née d’une discussion avec un ami laborantin biomédical en Guinée, qui évoquait les difficultés rencontrées, notamment les erreurs humaines lors des diagnostics et le temps d’attente souvent trop long.Ce projet est spécifiquement conçu pour venir en aide aux villages et régions reculées qui manquent d’infrastructures, d’électricité et de personnel qualifié. « Dans les hôpitaux, il y a le manque d’électricité, d’appareils et d’infrastructures microscopiques. Notre solution vient combler ces lacunes en faisant un diagnostic en moins de deux minutes. Ce qui prend deux heures en Guinée se fera désormais en deux minutes seulement. C’est un gain de temps qui permettra de diagnostiquer plus de personnes, plus facilement » explique Alain Goumou. Malgré l’ambition, le projet fait face à des défis techniques, notamment en termes de matériel (nécessité de microcontrôleurs puissants pour l’entraînement du modèle) et de collecte de données. Le coût estimé de l’appareil est par ailleurs très abordable, variant entre 4 et 8 millions de francs guinéens (environ 400 à 800 euros) par unité.
Une reconnaissance internationale prometteuse
Cette innovation constitue une véritable révolution pour le domaine médical en Guinée. Sa pertinence a été reconnue à l’international : la solution d’Alain Goumou a été retenue parmi plus de 3257 projets et sera présentée en Afrique du Sud le 29 octobre 2025 lors de la finale du Concours Présidentiel Africain sur l’Intelligence Artificielle et la Robotique. C’est le début d’une aventure qui s’annonce prometteuse pour le système sanitaire guinéen, offrant un espoir concret de soins rapides et précis à toute la population.
Mamadou Gongorè DIALLO
