Malgré les assurances de la direction de la SONAP, qui a récemment démenti toute pénurie de carburant dans le pays, la réalité sur le terrain semble bien différente.
À Kankan, les citoyens font face à une crise persistante de l’essence et du gasoil, qui dure depuis plusieurs semaines.

Dans les stations-service, obtenir du carburant est devenu un véritable parcours du combattant pour les détenteurs d’engins roulants. Mamadi Kourouma, étudiant et conducteur de taxi-moto, témoigne de la difficulté quotidienne:
« Ça fait trois semaines qu’il y a une crise de carburant. Certains disent même que ça dure depuis plus longtemps. Avant, les pompistes ne servaient que ceux du marché noir, au lieu de nous, les conducteurs de motos. Moi, je suis étudiant et je dois bientôt me déplacer, mais je suis très inquiet. Je viens de quitter une station où je voulais acheter cinq litres d’essence.
On m’a dit que je ne pouvais en avoir que deux. C’est une manière de nous pousser à la corruption. On est obligés de donner un petit billet pour espérer avoir de l’essence. » La situation est également dénoncée par Jean Faya Mara, père de famille et motard, qui pointe du doigt la flambée des prix: « En ce moment, un litre d’essence coûte 15 000 francs guinéens ou plus. Sur le marché noir, il se négocie entre 20 000 et 25 000 francs.
À la station, le prix reste normal, mais il n’y a pas de disponibilité. J’appelle les autorités à prendre cette crise au sérieux. Nous souffrons énormément. Nous avons des familles à nourrir. Il faut que le prix du carburant revienne à la normale. » Cette pénurie ne touche pas uniquement Kankan.
D’autres villes du pays, notamment la zone aurifère de Siguiri, sont également affectées. Là-bas, le litre d’essence dépasse les 20 000 francs guinéens, accentuant les difficultés des populations locales.