Les autorités militaires du Mali ont annoncé jeudi l’arrestation d’un groupe de militaires et de civils, dont deux généraux maliens et un agent français présumé, accusés d’avoir tenté de déstabiliser le pays.
L’annonce a été faite par le ministre malien de la sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine, lors du journal télévisé du soir diffusé par les médias locaux. Il a assuré qu’une enquête approfondie était en cours et que “la situation est totalement sous contrôle”.
Ces événements interviennent dans le cadre d’une répression continue de la dissidence par l’armée malienne à la suite d’un rassemblement en faveur de la démocratie en mai, le premier depuis que les soldats ont pris le pouvoir il y a près de quatre ans.
L’armée a fourni peu de détails sur les auteurs présumés du coup d’État, sur ce qu’il impliquait et sur le ressortissant français impliqué, se contentant d’identifier l’homme comme étant Yann Vezilier. Le ministre de la sécurité a déclaré que le Français avait agi “pour le compte des services de renseignements français, qui ont mobilisé des responsables politiques, des acteurs de la société civile et des militaires” au Mali.
La France, ancienne puissance coloniale du Mali, n’a pas réagi dans l’immédiat à l’arrestation de cet homme.
“Le gouvernement de transition informe l’opinion publique nationale de l’arrestation d’un petit groupe d’éléments marginaux des forces armées et de sécurité maliennes pour des faits criminels visant à déstabiliser les institutions de la République”, a déclaré M. Mohammedine.
“Le complot a été déjoué avec l’arrestation des personnes impliquées”, a-t-il ajouté, précisant que le complot avait débuté le 1er août.
La télévision nationale a diffusé des photos de 11 personnes qui, selon elle, faisaient partie du groupe qui a planifié le coup d’État. Le ministre a également identifié les deux généraux maliens qui, selon lui, faisaient partie du complot.
L’un d’eux, le général Abass Dembélé, est un ancien gouverneur de la région centrale de Mopti qui a été brusquement démis de ses fonctions en mai, lorsqu’il a demandé une enquête sur les allégations selon lesquelles l’armée malienne aurait tué des civils dans le village de Diafarabé. L’autre, le général Néma Sagara, a été félicité pour son rôle dans la lutte contre les militants en 2012.
Le Mali, tout comme le Burkina Faso et le Niger voisins, lutte depuis longtemps contre une insurrection menée par des militants armés, dont certains sont alliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
Après deux coups d’État militaires, la junte au pouvoir a expulsé les troupes françaises et s’est tournée vers la Russie pour obtenir une assistance en matière de sécurité. Mais la situation sécuritaire reste précaire et les attaques de groupes extrémistes liés à Al-Qaïda se sont intensifiées ces derniers mois.
En juin, le chef militaire, le général Assimi Goita, s’est vu accorder cinq années supplémentaires au pouvoir, malgré les promesses antérieures de la junte d’un retour à un régime civil d’ici mars 2024. Cette décision fait suite à la dissolution des partis politiques par l’armée en mai.
