Après le séisme de magnitude 6,0 qui a frappé l’Afghanistan le dimanche 31 août, les organisations humanitaires lancent un appel à l’aide internationale.
Pour l’heure, seuls quelques pays se sont engagés publiquement. La difficulté pour ces nations étant de trouver un partenaire fiable alors que la communauté internationale ne reconnaît pas le gouvernement taliban.
Le Royaume-Uni a annoncé verser 1 million de livres sterling (1,3 million de dollars) pour venir en aide à la population. Cet argent sera donné à des organisations humanitaires et non au gouvernement taliban, que le Royaume-Uni ne reconnaît pas. Mercredi, la Corée du Sud a annoncé qu’elle verserait 1 million de dollars par l’intermédiaire des Nations unies.
Jeudi, l’Australie s’est engagée à verser 1 million de dollars et a déclaré qu’elle travaillait avec des partenaires établis pour s’assurer que son aide profite aux personnes dans le besoin et non au gouvernement taliban.

Un montant supplémentaire de 11 millions de dollars est débloqué par le biais de fonds supervisés par l’ONU et l’Union européenne, tandis que les agences de développement acheminent des fonds par l’intermédiaire d’organisations non gouvernementales ou caritatives.
Certains gouvernements et ambassadeurs ont promis une aide en nature à l’Afghanistan. C’est le cas de L’Inde qui envoie des tentes et de la nourriture et des Émirats arabes unis qui ont dépêché une équipe de secours et du matériel de première nécessité.
Mais de nombreux pays donateurs traditionnels n’ont pas encore proposé leur aide financière. Les États-Unis, autrefois plus grand donateur humanitaire en Afghanistan, restent silencieux pour le moment.
Les Talibans, une menace selon la communauté internationale
Face au drame, les autorités talibanes ont aussi lancé un appel à l’aide internationale malgré les restrictions et, dans certains cas, les ingérences dans le travail des ONG.
Le financement international de l’Afghanistan a considérablement diminué depuis la prise de pouvoir des talibans, et seulement 28 % de l’objectif de financement humanitaire a été atteint cette année.
“Les Afghans sont las de cette succession interminable de crises, auxquelles ils doivent faire face avec une aide extérieure en baisse et leurs propres efforts souvent désespérés”, observe Thamindri De Silva, directrice nationale de World Vision Afghanistan.
“Les gouvernements internationaux hésitent à investir dans des solutions à long terme qui pourraient remédier aux causes profondes des crises, telles que le manque de préparation, les soins de santé en milieu rural et la fragilité des infrastructures, qui ont rendu les effets de ces tremblements de terre si dévastateurs”, ajoute-t-elle. World Vision a lancé une campagne privée de collecte de fonds pour le pays.
Un manque de fonds qui a conduit au pire : “Les ressources locales ont été poussées à leur limite, et le manque d’argent a limité l’ampleur et la rapidité de la réponse au séisme”, déplore Jacopo Caridi, directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés.
Les équipes de secours ont eu du mal à atteindre les communautés touchées dans la province de Kunar, la plus gravement touchée, en raison des éboulements et des glissements de terrain. Certaines équipes doivent marcher pendant des heures pour acheminer l’aide et les médicaments, souvent en montant des collines.
“Le tremblement de terre n’est pas une catastrophe isolée”, a déclaré Caridi. “Il a frappé des communautés qui étaient déjà confrontées à des déplacements de population, à l’insécurité alimentaire, à la sécheresse et au retour de centaines de milliers de réfugiés afghans provenant des pays voisins. Nos équipes à Kunar rapportent que des familles dorment à la belle étoile, subissant des tremblements de terre répétés.”
Mercredi, le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric a déclaré que l’évaluation de l’impact du séisme et des efforts de secours avait été “très difficile” en raison des routes bloquées, mais que la distribution de nourriture, de matériel pour la construction d’abris et d’aide médicale avait commencé.
“Les besoins restent immenses, et nous appelons tous ceux qui sont en mesure d’apporter leur aide aux victimes du séisme à le faire”, a-t-il ajouté.
Il s’agit du dernier séisme en date à frapper le pays, et du troisième séisme de forte magnitude depuis la prise du pouvoir par les talibans en 2021.