Les forces de l’ordre étaient sur le qui-vive, ce dimanche après-midi, à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Dans cette ville qui concentre une importante communauté sénégalaise, deux manifestations organisées dans le cadre de la situation politique au Sénégal étaient prévues en même temps, avec des participants qui défendent des opinions radicalement opposées. Elles ont donné lieu à un important déploiement de policiers, épaulés par de nombreux effectifs de gendarmes mobiles dans le quartier du Val-Fourré et devant la gare, en centre-ville. À l’occasion de cet événement sous haute surveillance, la préfecture des Yvelines avait autorisé les forces de l’ordre à utiliser des drones pour assurer la sécurité. Un homme a été interpellé pour avoir jeté des pierres en direction de la police. Aucun autre incident n’a été constaté. « Macky Sall, tyran ! Macron complice ! Libérez Ousmane Sonko ! » Quelque 250 sympathisants du parti « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité » (Pastef), opposants au président Macky Sall, se sont rassemblés devant la gare de Mantes-la-Jolie pour une « marche pacifique » jusqu’à la patinoire, au Val-Fourré. « Nous souhaitons dénoncer les dérives dictatoriales » Ils dénoncent la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant au régime en place, Ousmane Sonko.
Dans le cadre d’une affaire de mœurs. Cet homme est très populaire auprès de la jeunesse et des milieux défavorisés. Sa condamnation le rend, en l’état, inéligible pour la présidentielle de 2024. Le Pastef considère qu’il s’agit d’un complot pour l’écarter de l’élection. Au Sénégal, cette décision de justice a suscité des heurts qui ont fait au moins 16 morts et a donné lieu à plusieurs manifestations très tendues à l’étranger, notamment à Paris. À l’autre bout de Mantes-la-Jolie, dans le quartier du Val-Fourré, une centaine de soutiens au président Sall se sont réunis devant l’antenne consulaire du Sénégal, rue Pierre-de-Ronsard. « La contre-manifestation, ce sont eux qui la font. Nous avions déposé notre demande de manifestation avant, enrage Aboubacry Kane, secrétaire général du Pastef. « Nous devions nous arrêter devant l’antenne consulaire mais les autorités nous ont demandé de modifier l’itinéraire pour éviter les tensions. Nous ne voulons pas de débordements. Nous souhaitons simplement dénoncer les dérives dictatoriales et les arrestations arbitraires au Sénégal », résume-t-il devant la gare. À côté, Baba, 36 ans, domicilié à Houilles, se lance dans une analyse passionnée de la situation politique de son pays. « Au Sénégal, estime-t-il, le pouvoir en place ne s’occupe pas de son peuple mais d’une oligarchie, y compris française, puisque la France soutient le président Sall. Là-bas, on a toute une jeunesse, tout un peuple en colère. La France ne sait plus comment traiter ce problème : la colère va durer et cela menace la pérennité des entreprises françaises sur place ». Khadidiatou, 36 ans, a fait le déplacement depuis Les Lilas, en Seine-Saint-Denis, pour libérer « un sentiment d’injustice ». « Le président sénégalais tire sur la population, martèle-t-elle. Là-bas, on n’a pas le droit de s’exprimer. »
Guineesouvain avec leparisien